
Nous publions ci-après l’histoire de Christian Paturel et de son épouse Brigitte, tous deux Témoins de Jéhovah, qui relate un combat exemplaire contre les discriminations religieuses en France. Combat victorieux !
Ce texte est celui que Christian a publié sur son blog : http://christianpaturel.com
1er épisode
Ma femme Brigitte avait été recrutée par le service de l’aide sociale à l’enfance (l’ASE) du conseil général de l’Eure (CG 27). Ce petit agent public faisait tout son possible et donnait entière satisfaction à son employeur. Elle se dépensait sans compter pour la protection et le bien-être des enfants qui lui étaient confiés. Des enfants particulièrement affectés par notre monde d’adultes.
Elle n’hésitait pas, chose assez rare dans ce milieu professionnel, à emmener ces enfants avec elle lors des vacances scolaires, une façon de leur prouver son affection, son intérêt. Son dossier individuel, tenu par son employeur public, ne contenait que des éloges, des compliments. Bref, « tout allait pour le mieux dans ce qui n’est pas (il sen faut) le meilleur des mondes ».
Mais un jour, grâce à l’emploi de méthodes dignes de l’Inquisition, les travailleurs sociaux du département découvrent que cette assistante familiale méritante, ce « petit âne gris » qui tirait courageusement sa charrette (chanson d’Hugues Aufray) appartenait à l’Eglise chrétienne des Témoins de Jéhovah. Cette « liaison dangereuse » (du moins en France), ainsi d’ailleurs que tout lien avec une quelconque autre organisation minoritaire, a le don de susciter de vives réactions chez les personnes dont la vertu cardinale n’est pas la tolérance.
Va-t-on prendre en compte tous les résultats concrets, probants, incontestables de son activité et qui forment un solide « actif » à son bilan ? Va-t-on considérer que son appartenance religieuse constitue un « passif » qui rend sa situation professionnelle « déficitaire » ? Les choses ne vont pas traîner !
Par courrier en date du 4 août 2006 (ah ! la nuit du 4 août, la fin des privilèges), la responsable de la mission ASE du CG 27, avec beaucoup de délicatesse, s’exprime ainsi : « J’ai été informée par le service éducatif de l’Utas de votre appartenance au mouvement des Témoins de Jéhovah. Cet élément qui implique des choix de vie n’a pas été communiqué à mon service lors de votre procédure de recrutement. Or, il m’appartient d’évaluer vos conditions d’accueil, sur le plan éducatif, en fonction de ce nouveau paramètre (:) ».
C’est évident, tout change ! L’assistante familiale devient suspecte. Les deux enfants confiés par le CG 27 lui sont retirés avant l’enquête sociale annoncée ( Les jeux sont faits, rien ne va plus ). L’un des enfants est retiré de la famille d’accueil en l’espace de quelques heures, procédure d’urgence qui n’est utilisée qu’en cas de grave danger (agressions physiques, sexuelles) car son caractère brutal cause un inévitable traumatisme à nos petites têtes blondes.
L’enquête sociale interviendra plus de quatre mois après son annonce, comme quoi l’urgence ! Elle sera menée par une véritable délégation composée de trois personnes. Ce traitement de faveur est pour le moins insolite. Ce type de procédure, en raison du manque dramatique d’effectifs (il ne s’agit après tout que de « la protection de l’enfance ») ne mobilise jamais plus de deux personnes.
L’intervention du RAID et du GIGN avait été sollicitée. Ces unités d’élite n’étaient malheureusement pas formées pour ce type d’opération.
Au terme d’une véritable enquête policière où l’appartenance religieuse de l’assistante familiale est constamment évoquée, nos Trois Pieds Nickelés élaborent laborieusement un rapport où les préjugés le disputent à l’intolérance et à la bêtise, compte tenu des contradictions relevées.
Voici un échantillon de cette prose administrative :
« SANTE : Madame: RAS
Autres membres de la famille, suivi médical à jour : « OUI »
et un peu plus loin (il suffit de patienter) : « la religion qu’elle pratique et qui proscrit tout recours médical »
Comprenne qui pourra !
Les suppositions gratuites :
« Madame se présente comme une personne intelligente en capacité de tenir un discours théorique adapté. Madame peut faire illusion ».
S’agissant du dernier enfant confié à l’assistante familiale par le CG du département voisin, le CG 28 (Eure et Loir) :
« Durant les mois à venir, une vigilance s’impose, notamment sur le suivi médical de l’enfant, de sa bonne évolution scolaire (s’assurer de sa présence régulière à l’école) ».
Depuis plus d’un an, cet enfant est suivi régulièrement (aucun rendez-vous n’a été décommandé) sur le plan médical par la PMI (protection maternelle infantile) du CG 28 qui a relevé les progrès et la croissance satisfaisants de l’enfant. Mais avec la découverte cultuelle ce bilan pourrait changer. Quant à la scolarité, l’enfant est inscrit en maternelle et fréquente régulièrement (aucun absentéisme) cet établissement.
Bref, notre méritante petite assistante familiale est placée sous surveillance. « Mise en examen » serait le terme plus exact. A quand « la loi sur les suspects » ?
La situation prête à rire. Quand je pense que lors du projet de Nicolas Sarkozy sur la prévention de la délinquance, ces mêmes travailleurs sociaux se sont offusqués du rôle de flic quon voulait leur faire tenir ! Un crime de lèse majesté !
D’une part, au terme empreint de mépris de « flic », je préfère celui plus respectueux de policier. Son emploi exprime la reconnaissance à l’égard de personnels qui sont au service de la population et qui, chaque année, pleurent leurs morts.
Ces travailleurs sociaux devraient s’inspirer des méthodes et de la déontologie policières qui sont certainement plus respectueuses des libertés que ne le sont les techniques, mentalités et agissements qui ont cours dans certains conseils généraux (ne généralisons pas).
Car enfin, que constatons-nous au Pays des droits de lHomme ? Une assistante familiale irréprochable, employée par une personne publique soumise au principe de laïcité :
1- est brutalement « mise à lindex » et fichée.
Son appartenance religieuse figure dans son dossier individuel à maintes reprises.
Violation de larticle 6 de la loi du 13 juillet 1983 sur le statut général de la fonction publique et de la loi informatique et libertés.
2 – fait l’objet dun traitement discriminatoire qui aboutit, huit mois plus tard, le 26 mars 2007, à son licenciement pur et simple.
Un licenciement que le CG 27 se garde bien de motiver, et pour cause (violation de larticle L 773-27 du code de l’action sociale et de la famille). « Chronique d’une mort annoncée »! En effet, jai servi de conseil à cette assistante familiale lors des deux entretiens avec sa hiérarchie.
Le premier a été organisé par son chef de service. Voici une perle : « Si encore vous aviez été à la messe, ça pouvait passer ». Et vive la « catholaïcité ».
Le second décidé par l’inspectrice à l’enfance qui, le plus naturellement du monde précisera « que l’appartenance religieuse (de l’assistante familiale) interdisait la poursuite des relations professionnelles et qu’un licenciement sans faute interviendrait ».
La promesse a été tenue.
Ce faisant, les textes suivants ont été violés :
Article 2 de la Constitution de 1958,
Article 10 de la Déclaration des droits de l’Homme de 1789,
Articles 9 et 10 de la convention européenne des droits de l’homme,
Article L 432-7 du code pénal (interdiction de toute discrimination),
Article 6 de la loi du 13 juillet 1983 (bis repetita).
Pardonnez du peu
Tous ces textes se rejoignent pour affirmer les libertés religieuses, de conscience, de pensée. La seule adhésion d’une personne à une confession ou sa seule appartenance religieuse ne constitue pas un motif de nature à justifier un licenciement.
Il n’appartient pas au CG 27 de porter un jugement de valeur, une appréciation sur le culte de son assistante familiale.
Le nécessaire est déjà fait pour faire prévaloir le droit et la justice. L’ensemble ne peut qu’aboutir.
2eme épisode :
La CNIL est intervenue auprès du conseil général de l’Eure. Cette autorité a exécuté sa mission avec célérité, compétence et sérieux. Toute mention concernant l’appartenance religieuse de mon épouse a été supprimée.
Par ailleurs, la hiérarchie de cette collectivité locale a évoqué ce dossier et a pris le contre-pied des fonctionnaires disons de terrain, qui avaient de façon regrettable commis un abus de pouvoir en violant des libertés fondamentales (liberté religieuse, droit au travail et au respect de la vie privée ).
Le Directeur général des services a examiné le dossier et indiqué qu’il n’avait rien relevé de répréhensible justifiant une quelconque sanction disciplinaire. Il a précisé que l’assistante familiale n’a jamais fait de prosélytisme à l’égard des enfants confiés par l’aide sociale à l’enfance, qu’elle a observé une neutralité absolue et adopté une conduite irréprochable sur les plans médical, éducatif et en matière de soins.
Je joins la lettre (cpaturel.pdf) du Département qui décide en outre que Brigitte est réintégrée dans ses fonctions. Ce courrier a été signé par la plus haute autorité administrative après le président du conseil général. Il confirme que l’action de quelques trublions, imbus de leur pouvoir, ne s’inscrit nullement dans le cadre d’une politique définie par la Direction générale de la collectivité territoriale.
Nous conclurons prochainement un protocole d’accord qui précisera :
Le Conseil général a trouvé une jolie façon de mettre un terme à une si vilaine affaire, et cest tout à son honneur.
Toutefois, la plainte pénale déposée pour discrimination religieuse contre les agents publics responsables est maintenue. En effet, régulièrement des assistantes familiales et des assistantes maternelles sont victimes d’agissements illégaux de travailleurs sociaux les privant ainsi de leur emploi et de leurs revenus. Jusqu’ici, de telles affaires se concluaient, après des mois voire des années de procédure, par la simple annulation des décisions administratives contestées (le licenciement ou le retrait d’agrément). Décisions juridictionnelles qui sanctionnent uniquement l’administration employeur et non les personnes physiques fautives. Un tel dénouement en assurant une totale impunité à ces fonctionnaires incite inévitablement au laxisme, à l’autoritarisme et à la récidive. Dès lors, une jurisprudence innovante et exemplaire ne peut qu’être salutaire de par son effet thérapeutique. L’affaire pénale est en cours d’instruction.
Noublions pas :
« Toute personne qui a du pouvoir est portée à en abuser » Montesquieu

La CNIL (commission nationale de l’informatique et des libertés) vient d’annoncer qu’elle ne manifestait pas « d’opposition de principe » au projet d’un vaste réseau de caméras de vidéo surveillance voulu par le gouvernement. Bigre ! Me voilà rassuré ! Il a pourtant fallu attendre 13 ans pour que les fichiers des RG, sous contrôle de la CNIL, fassent l’objet d’un décret précisant leurs limites !
Et on ne compte plus les coups tordus et parfaitement illégaux ayant émaillé l’histoire de ces fichiers. Comme on voit apparaître dans la presse, à des moments opportuns, des informations provenant de ces fichiers, je ne serais pas surpris de voir apparaître dans le futur, sur YouTube ou autre site, des bouts de séquences vidéo filmés par une de ces caméras. Non, je ne fais vraiment pas confiance à la CNIL ou aux RG ( !) pour me garantir que les images de ces caméras ne seront qu’utilisées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme !
Ayons présents à l’esprit ces mots de Benjamin Franklin : « Une société qui est prête à sacrifier un peu de sa liberté contre un peu de sa sécurité, ne mérite ni l’une ni l’autre, et perdra les deux. »
Michel Raoust
Dans une lettre du 29 mai 2007 adressée à un syndicat, la Miviludes répond à une demande d’informations dudit syndicat en des termes ahurissants :
« Le nom d[ ] a semble-t-il été l’objet de vives interrogations au sein de [ ] à la suite d’un incident survenu au cours d’un des derniers séminaires sus-visés qui a motivé votre intervention auprès de la Miviludes.
Ces interrogations avaient notamment pour fondement l’appartenance d’une personne portant les mêmes nom et prénoms, à la Scientologie dans le courant des années 1980-1990. Il est attesté en effet qu’un certain [ ] a appartenu à cette organisation au moins durant la période 1987-1994. »
En quoi lappartenance d’une personne à la Scientologie, présupposée ou réelle, constitue-t-elle une « dérive » susceptible d’autoriser une réponse en bonne et due forme de la Miviludes ? Déjà on pouvait noter que dans son dernier rapport annuel, la Miviludes n’hésitait pas à citer nominativement des scientologues et à mentionner leurs activités professionnelles, sans le moindre délit à leur reprocher.
S’il faut parler de dérives, en voilà une qui nous paraît extrêmement grave !
En procédant à une telle « chasse aux sorcières », en surveillant les activités professionnelles de scientologues qui ne commettent aucun délit, la Miviludes, sous la houlette de son président actuel, le préfet Jean-Michel Roulet, trahit la mission qui lui a été confiée par le décret instaurant cette organisation : s’en tenir à la stricte dénonciation de « dérives sectaires » en respectant les principes de laïcité, de respect des convictions et de neutralité auxquels tout agent de l’Etat doit rester attaché.
Le 27 mai 2005, dans une circulaire relative à « la lutte contre les dérives sectaires », le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin avait eu la sagesse de demander que le recours à des listes de groupements soit évité. La Miviludes, depuis l’entrée en fonction de Monsieur Roulet, semble avoir fait peu de cas de cette circulaire.
Le 5 avril 2007, la Cour européenne des droits de l’homme, dans l’arrêt « Eglise de Scientologie de Moscou contre Russie » avait conclu que, selon la jurisprudence de la Convention européenne des droits de l’homme par rapport au droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion protégé par l’Article 9, il est interdit à l’Etat d’évaluer la légitimité des croyances religieuses.
« Tout en étant principalement une affaire de conscience individuelle, la liberté religieuse implique aussi la liberté de manifester [sa] religion seul, en privé ou en communauté, en public et dans le cercle de ceux avec lesquels on partage sa foi. … Le devoir de neutralité et d’impartialité de l’Etat défini par la jurisprudence de la Cour est incompatible avec tout pouvoir de la part de l’Etat d’évaluer la légitimité des croyances religieuses. »
Les pratiques actuelles de la Miviludes ne sont plus du tout en phase avec la jurisprudence internationale sauvegardant la liberté de conscience, de pensée et de religion ainsi que la liberté d’association.
Cette mission interministérielle n’a pas sa place dans une démocratie laïque, ouverte et transparente.

Par un jugement en date du 22 juin 2007, le tribunal enjoint au préfet de police de communiquer au CFSD, dans un délai de quinze jours à compter de la notification du jugement, le courrier du 5 octobre 2000 adressé au centre contre les manipulations mentales (CCMM).
Rappelons qu’en octobre 2000, la préfecture de police avait fait interdire à la dernière minute une manifestation des scientologues dans Paris pour la liberté de religion. L’arrêté d’interdiction avait ensuite été annulé par le tribunal administratif.
Que contenait le courrier du 5 octobre 2000 adressé au CCMM, une association qui milite contre la liberté de religion, pour que la préfecture cherche à tout prix à le cacher ? Nous le saurons prochainement. Voici déjà une belle victoire pour la transparence de l’administration !
Quant au CCMM, contentons-nous de rappeler ces propos de son fondateur, feu l’écrivain Roger Ikor :
« Si nous nous écoutions, nous mettrions un terme à toutes ces billevesées, celles des sectes mais aussi celles des grandes religions. ( )
On peut difficilement demander à la loi de trancher d’un coup toutes les têtes de l’hydre ; ce serait pourtant la seule manière d’empêcher qu’une seule repousse. »
Tout un programme .
L’ICSA, International Cultic Studies Association, s’apprête à tenir une conférence prétendument scientifique à Bruxelles.
L’ICSA n’est ni plus ni moins que la nouvelle appellation de « l’American Family Foundation ».
Fondée en 1979, cette association a eu pendant 20 ans comme « expert » le psychiatre Louis Jolly West. Ce dernier s’était illustré en tuant un éléphant avec une dose massive de LSD, ou en affirmant que la solution à la violence dans les ghettos noirs était la castration chimique et l’implantation d’électrodes dans le cerveau.
L’ICSA a eu aussi comme conseillers des « déprogrammeurs » tels que Steven Hassan (cest-à-dire des adeptes du kidnapping et des méthodes violentes pour faire renoncer quelqu’un à ses croyances religieuses).
L’ICSA travaille en étroite collaboration avec la FECRIS (voir l’article précédent sur ce blog) et l’UNADFI qui seront représentés à Bruxelles.
Inutile de dire qu’à cette conférence aucun représentant des groupes religieux visés n’a été invité.
Inutile de dire aussi que la promotion de la tolérance, et d’un dialogue constructif avec les minorités religieuses ne seront pas à l’ordre du jour.
Merci de signer la pétition pour que cette conférence n’ait pas lieu sous la forme prévue, sans de solides garanties du respect des convictions de chacun.
Nous vous invitons à signer la pétition contre le financement public de la FECRIS que vous trouverez à cette adresse: http://www.petitiononline.com/capl1418/petition.html FECRIS (Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme)