Une lettre scandaleuse de la MIVILUDES

Une chasse aux sorcières

Une lettre scandaleuse de la MIVILUDESDans une lettre du 29 mai 2007 adressée à un syndicat, la Miviludes répond à une demande d’’informations dudit syndicat en des termes ahurissants :

« Le nom d’[…] a semble-t-il été l’’objet de vives interrogations au sein de […] à la suite d’’un incident survenu au cours d’’un des derniers séminaires sus-visés qui a motivé votre intervention auprès de la Miviludes.

Ces interrogations avaient notamment pour fondement l’’appartenance d’’une personne portant les mêmes nom et prénoms, à la Scientologie dans le courant des années 1980-1990. Il est attesté en effet qu’’un certain […] a appartenu à cette organisation au moins durant la période 1987-1994. »

En quoi l’appartenance d’’une personne à la Scientologie, présupposée ou réelle, constitue-t-elle une « dérive » susceptible d’’autoriser une réponse en bonne et due forme de la Miviludes ? Déjà on pouvait noter que dans son dernier rapport annuel, la Miviludes n’’hésitait pas à citer nominativement des scientologues et à mentionner leurs activités professionnelles, sans le moindre délit à leur reprocher.

S’’il faut parler de dérives, en voilà une qui nous paraît extrêmement grave !

En procédant à une telle « chasse aux sorcières », en surveillant les activités professionnelles de scientologues qui ne commettent aucun délit, la Miviludes, sous la houlette de son président actuel, le préfet Jean-Michel Roulet, trahit la mission qui lui a été confiée par le décret instaurant cette organisation : s’’en tenir à la stricte dénonciation de « dérives sectaires » en respectant les principes de laïcité, de respect des convictions et de neutralité auxquels tout agent de l’’Etat doit rester attaché.

Le 27 mai 2005, dans une circulaire relative à « la lutte contre les dérives sectaires », le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin avait eu la sagesse de demander que le recours à des listes de groupements soit évité. La Miviludes, depuis l’’entrée en fonction de Monsieur Roulet, semble avoir fait peu de cas de cette circulaire.

Le 5 avril 2007, la Cour européenne des droits de l’’homme, dans l’’arrêt « Eglise de Scientologie de Moscou contre Russie » avait conclu que, selon la jurisprudence de la Convention européenne des droits de l’’homme par rapport au droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion protégé par l’’Article 9, il est interdit à l’’Etat d’’évaluer la légitimité des croyances religieuses.

« Tout en étant principalement une affaire de conscience individuelle, la liberté religieuse implique aussi la liberté ‘de manifester [sa] religion’ seul, en privé ou en communauté, en public et dans le cercle de ceux avec lesquels on partage sa foi. … Le devoir de neutralité et d’’impartialité de l’’Etat défini par la jurisprudence de la Cour est incompatible avec tout pouvoir de la part de l’’Etat d’’évaluer la légitimité des croyances religieuses. »

Les pratiques actuelles de la Miviludes ne sont plus du tout en phase avec la jurisprudence internationale sauvegardant la liberté de conscience, de pensée et de religion ainsi que la liberté d’’association.

Cette mission interministérielle n’’a pas sa place dans une démocratie laïque, ouverte et transparente.

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