On sait que les pourfendeurs des nouveaux mouvements religieux aimeraient que la liste noire du rapport parlementaire de 1995 soit actualisée. Jusqu’à maintenant, ils n’ont pas obtenu gain de cause.
Lorsqu’il était Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, dans une circulaire datée du 27 mai 2005, avait pris soin d’indiquer que « le recours à des listes de groupement » devait être « évité ».
Fidèle à cette politique, Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intérieur, répond ainsi au député UMP Thierry Mariani qui lui demandait si un certain groupement, répertorié comme « secte » par la commission d’enquête parlementaire de 1995 était toujours considéré comme « secte » treize ans plus tard :
« La publication de listes de mouvements à caractère sectaire n’a jamais été pratiquée par les services de l’Etat. Le seul inventaire réalisé jusqu’à présent est le fait de la représentation nationale, à l’occasion de la commission parlementaire d’enquête sur les sectes en France, constituée en 1995 et qui a permis de lister 172 associations, sans que toutefois ne s’attache à cette liste aucune conséquence juridique ». (réf : Question écrite publiée au JO le 10/06/08, page 4832 et Réponse de la ministre publiée au JO le 10/02/09 page 1363).
Le 13 février, le journal Le Parisien révélait des « tensions » autour d’un projet de « liste noire », en l’occurrence un bras de fer entre Georges Fenech, président de la Miviludes, et la ministre de l’intérieur. Voici des extraits de cet article :
« La semaine dernière, Matignon a en effet reçu un courrier signé de Michèle Alliot-Marie, réclamant aux services de François Fillon de bien « cadrer » l’action de la Miviludes, après que son président, fin janvier, a émis l’idée de proposer une nouvelle orientation de la politique suivie par sa mission. Plus qu’une nouvelle orientation, en réalité, Georges Fenech a surtout l’intention d’émettre de nouveau une liste, sur le modèle de celle que la commission d’enquête parlementaire de 1995 avait établie et qui n’avait pas manqué de placer la France, au sein des instances internationales, comme une pourfendeuse de la liberté de conscience. [ ]
Place Beauvau, le fait d’exhumer le principe même d’une « liste noire » ne passe pas. [ ]
La ministre de l’Intérieur fait part, dans ce courrier adressé à François Fillon, de son « étonnement » face à ce changement de cap de la part de la Miviludes, « sans concertation interministérielle préalable », et pointe sévèrement du doigt la démarche : atteinte à la liberté de conscience, retour en arrière, fragilisation de la France sur la scène européenne et internationale, pointée du doigt, notamment, à chaque rapport du département d’Etat américain, mais aussi de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) sur son intransigeance en matière de liberté religieuse. « La liste, c’est le sujet qui fâche », lâche un observateur averti. »
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