Georges Fenech, mal-aimé des médias

Il traîne ces affaires comme des boulets

Le Monde

Décidément, Georges Fenech n’’a pas les faveurs des journaux (voir article Fenech/La Croix dans le blog). Le journal Le Monde, dans son édition de vendredi 5 décembre, vient de lui consacrer une pleine page.

Voici des extraits de cet article signé par Alain Salles et intitulé « Georges Fenech, juge et accusé ».

« Il a préparé tous ses dossiers pour le rendez-vous. Des chemises multicolores, rouge pour « Angolagate », mauve pour « Affaire Terrail », rose pour « Invalidation Conseil constitutionnel », un dégradé de couleurs qui va sans doute du plus grave au moins préoccupant, dans toutes ces affaires qui lui empoisonnent la vie politique depuis plus de dix ans. Ancien juge, ancien député, Georges Fenech a mauvaise réputation. Il traîne ces affaires comme des boulets qui perturbent son ascension. Mais ne l’empêchent pas. » […]

« L’ancien juge retrouve le tribunal, de l’autre côté de la barre, lundi 8 décembre, pour le procès de l’Angolagate. Il a été mis en examen par son ancien collègue Philippe Courroye. Les deux hommes se sont croisés à Lyon pendant les années 1980. Leurs styles diffèrent. Courroye aime l’ombre, Fenech prend rapidement goût aux lumières des caméras. »[…]

« La célébrité – et les ennuis – de Georges Fenech commencent vraiment lorsqu’il devient président de l’Association professionnelle des magistrats (APM), un syndicat clairement ancré à droite (voire plus), né pour lutter contre la politique de Robert Badinter, ministre de la justice en 1981. Georges Fenech a de grandes ambitions pour l’APM. Il veut rapprocher les magistrats du monde de l’entreprise. Il va lui-même démarcher les clients pour les abonner à sa revue confidentielle.

C’est ainsi qu’il est présenté à Pierre Falcone et qu’il se retrouve sur les bancs du palais de justice. Pierre Falcone et sa société Brenco souscrivent vingt-cinq abonnements pour deux ans pour un montant de 100 000 francs (15 000 euros), une somme considérable pour l’APM. »[…]

« La revue de l’APM a porté malheur à Georges Fenech. Le président et directeur de la publication ne voit pas un article écrit par l’un de ses membres, Alain Terrail. A ce moment-là, la guerre de l’APM avec le Syndicat de la magistrature (gauche) est à son comble. Fenech a écrit un pamphlet contre ce syndicat ennemi. Albert Lévy, substitut du procureur de Toulon, subit les feux croisés de la municipalité Front national et de la section locale de l’APM. Alain Terrail, avocat général à la Cour de cassation, croit faire de l’humour : « Tant va Lévy au four… qu’à la fin il se brûle ! » Le texte provoque un tollé et va entraîner la disparition progressive du syndicat. Fenech, qui a toujours assuré n’avoir jamais vu le texte – et a aussitôt démissionné de l’APM -, est condamné comme complice d’injure raciste envers Albert Lévy. Le tribunal a dispensé Georges Fenech de sa peine, mais l’opprobre est resté, et le suit encore. »[…]

« Une dernière affaire va sceller le destin de Fenech, magistrat. Alors qu’il s’apprête à devenir juge d’instruction à Paris, sur proposition du ministère de la justice, quand Elisabeth Guigou est garde des sceaux, sa participation à une commission chargée de contrôler les élections au Gabon crée une nouvelle polémique. La chancellerie revient alors sur une décision qui ne l’enthousiasmait guère. »[…]

« Il est temps pour lui de passer pour de bon au combat politique. Il veut faire de Givors (Rhône) son fief électoral. […] Il est réélu dans un fauteuil en 2007, mais trébuche sur un buffet. Le paiement des provisions a été payé directement sans passer par un mandataire financier. C’est une infraction au code électoral. Il est invalidé, reçoit le soutien de nombreux députés, de droite comme de gauche. « Je suis victime d’une loi qui va être modifiée, et je fais un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme. » Le défenseur des victimes pose en victime. La boucle est bouclée : « L’Angolagate, l’affaire Terrail, l’invalidation de mon élection ! Je suis à plaindre, pas à condamner. » »

L’’homme qui pourfend les minorités religieuses et leurs membres sans s’’inquiéter des conséquences pour leur vie privée et leur vie professionnelle se plaint désormais du mauvais traitement qui lui est réservé dans les médias. Pour un peu, nous le plaindrions aussi….

Leave a Reply