Discrimination et abus psychiatriques

L’homme, quel que soit son état, a toujours en lui une humanité qui mérite le respect et la compassion

l'homme, quel que soit son état, a toujours en lui une humanité qui mérite le respect et la compassion

La commission des citoyens pour les droits de l’’homme (CCDH) organise le 14 avril une série de manifestations en France contre les abus de la psychiatrie. J’’y participerai. Quel rapport, me direz-vous, avec la lutte contre les discriminations ?

Interner une personne contre son gré et lui faire subir des traitements dégradants, à base de puissants neuroleptiques qui ont des effets secondaires dévastateurs est déjà, en soi, une grave forme de discrimination.

Une autre raison pour participer à une telle manifestation est qu’’à l’’origine des attaques récentes contre les religions, particulièrement les religions minoritaires, on trouve des psychiatres niant toute dimension spirituelle à l’’homme.

Dans son « planning stratégique pour la santé mentale », le psychiatre britannique John Rawling Rees, déclarait en 1940 :

« [Nous] avons mené une attaque utile sur un certain nombre de professions. Les deux plus aisées sont naturellement la profession d’’enseignant et l’’Eglise ; les deux plus difficiles sont la loi et la médecine. »

Lorsqu’’on cherche les individus dans l’’ombre qui soufflent sur les braises de l’’intolérance et de la haine, qui montent des communautés entières les unes contre les autres, on trouve bien souvent des psychiatres.

On sait que le programme nazi d’’hygiène raciale fut inspiré par des psychiatres qui lui donnèrent sa caution « scientifique » et que les premières exterminations en masse furent menées dans des hôpitaux psychiatriques. Le premier « test de gazage » fut effectué à l’’Institut Brandenburg en 1940 : 18 patients furent exterminés sous les yeux des psychiatres et de leurs assistants. Par la suite, quelques 300 000 personnes périrent entre les mains des psychiatres.

Le fondateur de l’’apartheid en Afrique du Sud, Hendrik Verwoerd, avait étudié dans les universités allemandes à l’’époque où il était beaucoup question du programme d’’hygiène raciale des psychiatres nazis. On connaît ensuite l’usage qu’’il fit de leurs théories.

Plus proches de nous, ce sont deux psychiatres serbes, Jovan Raskovic et Radovan Karadzic qui ont été les principaux instigateurs de la guerre des Balkans avec leurs théories démentielles sur la supériorité psychologique des Serbes, guerre qui a eu pour résultats plus de 100 000 morts et 1,5 millions de personnes chassées de leurs maisons. Slobodan Milosevic avait été le patient de Karadzic pendant 25 ans.

Ayman al-Zawahiri, le deuxième homme le plus recherché dans le monde, conseiller d’’Ossama Ben Laden et cerveau des attaques terroristes, est un psychiatre. Abu Hafiza, un des plus anciens dirigeants d’’Al Qaïda, réputé pour avoir conçu l’attentat à la bombe des trains de Madrid le 11 mars 2004, est un psychiatre…

On pourrait étendre cette liste lugubre sur des dizaines de pages.

Quand on nie la dimension spirituelle de l’’homme, quand on ignore sa capacité inhérente à adopter un comportement éthique, quand on le ravale au rang de l’’animal destiné à être « traité » pour être « adapté » à son environnement, on sombre facilement dans les dérives extrêmes citées plus haut. Mais sans aller jusqu’’à de tels excès, entre les murs clos des hôpitaux psychiatriques, il se commet chaque jour des abus inacceptables : électrochocs administrés sur des personnes âgées, des femmes enceintes ou des enfants, isolement sous contraintes, prescription de puissants psychotropes qui altèrent le comportement du patient et créent des effets délétères…

C’’est pour dénoncer ces théories et ces abus, pour rappeler que l’’homme, quel que soit son état, a toujours en lui une humanité qui mérite le respect et la compassion, que je serai présent.

Et j’espère que vous serez nombreux ce jour là.
Michel Raoust

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